Pour les articles homonymes, voir Jean Mamy (homonymie).
Jean Mamy est un
Réalisateur,
Monteur,
Acteur,
scénariste et
Journaliste français, d'origine
savoyarde, né le
8 juillet 1902 à
Chambéry (Savoie) et mort le
29 mars 1949 à
Arcueil (
Seine).
Biographie
Jean Mamy a été régisseur et acteur au théâtre de l'Atelier chez Dullin de
1920 à
1931. Il a créé plusieurs pièces dont
Knock et
Six personnages en quête d'auteur.
En 1931, il réalise son premier film avec Michel Simon comme acteur principal, Baleydier, aujourd'hui introuvable, sur un scénario de Jacques Prévert.
Entre 1931 et 1939, Jean Mamy, de tendance politique marquée à gauche , était Vénérable de la loge Renan, du Grand Orient de France. En 1939, il tourne son avant-dernier film, Dédé de Montmartre, avec Albert Préjean.
Écoeuré par la débacle de 1940, il se jette à corps perdu dans le journalisme de la collaboration. Il est rédacteur en chef de L'Appel, le journal de Pierre Costantini, membre du Parti populaire français (PPF) et surtout à la pointe de la lutte contre la Franc-maçonnerie qu'il rend responsable de tous les maux dont la France est accablée. Il participe activement à la presse collaborationniste sous le nom de Paul Riche.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il se place donc clairement du côté des Allemands. Son dernier film, le moyen métrage Forces occultes (1943) est une oeuvre de propagande, attaque virulente contre la Franc-maçonnerie — dont il avait fait partie — le parlementarisme et les juifs, dénonçant un prétendu complot judéo-maçonnique.
En août 1944, sa mère est arrêtée par les Forces françaises de l'intérieur (FFI), il se constitue prisonnier. Son procès, qui n'aura lieu qu'à Noël 1948, à une période où théoriquement les passions de la Libération (épuration) tendaient à s'atténuer, n'a pas empêché la cour de justice de le condamner à mort pour sa collaboration particulièrement active avec la Gestapo. Il sera le dernier fusillé de l'épuration en mars 1949.
Jean Mamy est l'auteur de nombreux ouvrages et pièces de théâtre, certains inédits. L'un d'entre eux, des poèmes de Fresnes, Les Barreaux d'or a été publié en 1963 en Suisse sous l'impulsion de son fils.
voici ce qui peut etre lu dans : Sabah L., Une police politique de Vichy, Le Service des Sociétés Secrètes, Paris, 1996 : Nous avons lu ceci dans le livre du curieux Argus : "L'ancien frère Paul Riche - qui fut vénérable de la loge Ernest Renan, sous son véritable patronyme de Mamy - fut condamné à mort et fusillé ;il avait rallié la Révolution Nationale dès juillet 1940 et fait partie de la rédaction de L'Appel ; auteur du film Forces occultes et divulgateur de la fameuse circulaire secrète de 1942, il avait accumulé sur sa tête de solides haines". Cette page suit une analyse dans laquelle il est écrit que Dumesnil de Gramont et ses amis ont proposé les ordonnances qui ont institué les juridictions d'exception et que les effets de ces dispositions, qui laissaient libre jeu à l'arbitraire, n'ont pas manqué de se faire sentir. Jetés en prison après la Libération, Bernard Faÿ, les membres du Service des sociétés secrètes et les dirigeants du Centre d'Action et de Documentation furent lourdement condamnés pour des actes ou des écrits qui ne tombaient pas sous le coup de la loi avant la Libération" . En d'autres termes, le pauvre Mamy fut exécuté pour avoir écrit dans la presse de la collaboration et publié le Pacte de la Synarchie. Nous laisserons le lecteur comparer avec le texte du réquisitoire du Commissaire adjoint du Gouvernement. Nous pensons qu'il se suffit à lui-même. Mais, nous ajouterons ce témoignage qui vaut ce qu'il vaut, s'agissant d'une déposition faite par un inculpé, Fromes Lucien, adjudant du S.D. de Paris, section IV - N/1 (politique, économique, culturelle) faite le 1.12.1945 : "Mamy - Paul Riche, journaliste à un certain moment au journal L'Appel de la Ligue française de Costantini. Était un informateur du S.D. de Paris et travaillait surtout pour la section VI - N. Au début, il fournissait des rapports sur les "Francs-Maçons", puis il entrait dans divers mouvements de Résistance et rapportait de précieuses informations qui ont permis au S.D. d'arrêter pas mal de personnes et de découvrir des points de parachutage effectués par les Anglais. Il était bien payé. Il a exécuté plusieurs missions en Suisse, surtout à Genève, desquelles il rapportait de bons renseignements sur les mouvements de Résistance et les milieux alliés". Voici donc le réquisitoire : "2 mai 1947 Exposé des motifs contre : Mamy dit "Paul Riche" Decan Jean Fabres Louis (sic), 60 ans, infirmière. "Paul Riche" fit paraître dans le journal "La Flèche" de Gaston Bergery quelques articles à tendance politique. Dès 1933, Mamy (dit P. Riche) avait adhéré à la Franc-Maçonnerie, affilié à la loge « Ernest Renan »... bien qu'il s'en défende, il est établi par le témoignage du sieur Taudu qu'il y demeura jusqu'à ce que cette société secrète ait été dissoute par la législation du gouvernement de Vichy. Propagande Dès septembre 1940, Mamy prend contact avec les dirigeants de l'hebdomadaire "Au Pilori" par l'intermédiaire de M. Degranmaison assure-t-il. Jusqu'au mois de juillet 1941, il apportera son concours régulier à ce journal... rédacteur libre payé à la pige. Sa rémunération mensuelle : 1 500 F approximativement dans les débuts. Sous la signature de P. Riche ou de J. M. Renan, il attaque avec une violence de langage rare et parfois une grossièreté indiscutable "le régime parlementaire, la juiverie et la Franc-Maçonnerie" dans lesquels il voit les responsables de la défaite et prend à partie quelques personnalités de la vie littéraire et politique d'avant guerre : Gallimard et sa belle équipe (22.9.40), Stern, français, c'est ignoble (15.11.40), Jamy-Schmidt, président du groupe parlementaire (1.11.40) : le frère Ponce-Pilate. Si parfois l'inculpé met en cause certains collaborateurs dont les accointances sur la Maçonnerie étaient notoires avant guerre ("La Franc-Maçonnerie collabore"), il mène aussi... de virulents campagnes en faveur de la collaboration... et n'hésite pas à proclamer que le gouvernement de Vichy n'envisage qu'avec réticence la politique des puissances de l'Axe "Les yeux dans les yeux mon Maréchal" (7.2.41). "Êtes-vous fou M. Moyen (7.3.41), "Tant pis" (10.4.41), "Tirez les premiers MM. les Anglais" (29.5.41), "A l'attaque" (12.6.41), "Un peu de bon sens MM. nos chefs" (24.7.41), "Éviterons-nous la guerre civile" (31.7.41). Avec sans doute moins de violence dans les termes, mais avec autant de fermeté dans le fond, Mamy va renouveler la même propagande dans l'hebdomadaire "L'Appel" (6.1.44 / 15.7.44 / 2.12.43 / 9.12.43 / 22.6.44 / 27.1.44 / 3.2.44).
- B - L'inculpé a également collaboré en 1941 et 1942 à la réalisation d'un film de propagande "Forces Occultes" dont il écrivit le dialogue et qu'il mit lui-même en scène. Ce film réalisé sous la direction du Dr Dietrich par la société Novafilm "grâce à une subvention allemande de 1 200 000 F constitue en réalité une charge contre les moeurs parlementaires d'avant guerre et la Franc-Maçonnerie. Les hommes politiques y sont représentés comme étant de moralité douteuses, faisant passer leurs propres intérêts ainsi que ceux de la Franc-Maçonnerie avant les intérêts permanents de la France qu'ils représentent au Parlement". Quelques personnages du film incarnent au surplus des israélites avides qui ne négligent aucune occasion de faire du commerce. La guerre enfin, selon les réalisateurs du film aurait été déclenchée par la France à l'instigation des Juifs et des Francs-Maçons. Il est facile de concevoir l'aide précieuse que put apporter, en l'espèce, l'inculpé, metteur en scène, et dont au surplus les connaissances personnelles en matière de Franc-Maçonnerie étaient indiscutables. Paul Riche n'a pas méconnu la matérialité des faits. Appelé à s'expliquer, il a cependant prétendu qu'il avait toujours eu l'intention de servir son pays : s'il a combattu la Franc-Maçonnerie et le communisme, c'est qu'il voyait, assure-t-il, en eux des éléments dissolvants de l'unité nationale. Il souligne au surplus qu'il n'hésite pas à critiquer très vivement la politique de Laval, Luchaire, Déat, tous trois très favorables à la Franc-Maçonnerie et qui recevaient un appui total de l'ambassade d'Allemagne et plus particulièrement d'Otto Abetz. ... soutient que son activité journalistique n'était que le "paravent" de son activité politique. II - Activité politique et policière C'est qu'effectivement la propagande à laquelle Paul Riche se livra soit par la presse, soit par le film, n'est qu'un des aspects et le moins nocif sans doute de l'activité antinationale qu'il déploya durant l'occupation. S'étant bientôt aperçus de la violence et de la sincérité des campagnes antimaçonniques de Paul Riche, les services allemands décidèrent au printemps 1941 d'utiliser, le cas échéant, ses compétences. Par l'intermédiaire du secrétaire de Bernard Faÿ, Gueydan de Roussel, l'inculpé put bientôt être en contact avec le lieutenant Morice , officier des S.S., chargé des services antimaçonniques en France. Dès lors, et jusqu'à la libération, Paul Riche, sous les ordres du lieutenant Morice et plus tard de son successeur Wentzel, sera un auxiliaire des plus précieux des services de renseignements allemands de l'hôtel Lutetia. Il aura son bureau et une secrétaire, Mme Booth lui sera affectée personnellement. Il touchera un traitement mensuel de 6 000 F. Chargé d'enquêtes confidentielles, d'ordre politique, mais de caractère policier aussi, il circulera dans toute la France, en zone libre et en zone occupée et même à l'étranger, en Suisse notamment. -A- C'est sur les directives du lieutenant Morice que l'inculpé, dès la fin de 1940 ou au début de 1941 rendra visite à MM. Grossier (sic) et Villard, respectivement président et secrétaire du Conseil de l'Ordre du Grand Orient. Le but réel de ces visites était d'obtenir tous renseignements utiles sur la Franc-Maçonnerie et plus spécialement sur une entrevue qui aurait eu lieu entre les dignitaires français de la maçonnerie et l'ambassadeur Bullit représentant le président Rosevelt (sic). En dénonçant la collusion de la Franc-Maçonnerie et du président Roosevelt, les services allemands entendaient démontrer au moment de la 3e élection du président des États-Unis que la guerre avait été décidée par l'Amérique d'accord avec la Franc-Maçonnerie. Pour des raisons d'opportunité politique, cette campagne ne fut pas déclenchée par les Allemands. - B - Dans le courant de l'année 1941, l'inculpé, accompagné de deux policiers et d'une demoiselle Fabres, se rendit dans une automobile de la Gestapo au domaine de Suscy pour y opérer une perquisition. Cette propriété appartenait à un sieur Heilbronn de confession israélite, qui dès 1938 avait accepté de camoufler une malle contenant d'importants documents appartenant à Mme Louise Weiss, agrégée de l'Université et journaliste. Ces documents furent découverts, saisis et emportés par Paul Riche, grâce au concours de la nommée Fabres qui, employée en qualité de garde-malade par les époux Heilbronn avait été renvoyée en 1939. L'inculpée Fabres soutient qu'elle n'est pas à l'origine de cette perquisition, mais affirme tout au contraire qu'elle fut contrainte par Paul Riche (qui avait été lui-même avisé par une lettre anonyme de l'existence de documents intéressants) de se rendre avec lui à Suscy. Cette version est démentie non seulement par les déclarations de Paul Riche, mais aussi par l'attitude de la demoiselle Fabres qui à plusieurs reprises avait proféré des menaces contre la famille Heilbronn. - C - C'est à la demande de Wentzel que Mamy se rendit, courant juillet 1942 en zone libre, à Lyon "pour se renseigner sur les circuits maçonniques français". "En se présentant comme vénérable de loge maçonnique et en se référant de maçons connus", il contacta le sieur Lebrosse et obtint de celui-ci, auquel il avait inspiré confiance, l'adresse du sieur Denoir directeur d'un journal clandestin "Le Coq Enchaîné". Ce dernier lui fournit plusieurs exemplaires du journal clandestin, un certain nombre de renseignements intéressant la Résistance dans la région lyonnaise (existence d'un groupe de 300 hommes armées de mitraillettes, qui d'accord avec les communistes devait organiser la rébellion contre le gouvernement de Vichy, etc.) L'inculpé s'empressa de faire "un rapport d'ordre général" sur cette affaire et l'adressa à son chef Wentzel. Quelques temps après cette visite, MM. Debrosse et Dunoir furent arrêtés. S'il n'a pas été établi avec certitude que le rapport de Paul Riche ait été à l'origine de ces arrestations, il n'est pas moins évident que le gouvernement de Vichy avait eu connaissance des renseignements qui y figuraient. - D - Courant novembre 1942, Paul Riche et sa secrétaire Mme Booth qui se trouvaient "tout à fait par hasard" dans un bar de la rue Saint-Honoré, où se réunissaient des "gaullistes" y rencontrèrent le nommé Decan. Celui-ci pris de boisson se vanta de posséder des armes et de ravitailler les réfractaires. Il parla également du sieur Jarville (alias Mesembir), secrétaire général du syndicat des films qui se cachait à Paris, en raison de son activité résistante et de son activité communiste. Quelques jours après, Decan fut arrêté par la Gestapo sur les indications de Paul Riche et de sa secrétaire. Il fut relâché après interrogatoire sur "la promesse de donner toutes indications utiles en vue de faire arrêter Jarville". Dix jours après, Decan vit à nouveau Jarville, prit rendez-vous avec lui dans un café du boulevard Montparnasse, et c'est à l'issue de cette entrevue que Jarville fut appréhendé par les policiers allemands, déporté en Allemagne. Il est mort au camp de Berguenbeisen, à la suite des mauvais traitements dont il fut l'objet. Mamy ne conteste pas les faits, mais affirme qu'il ne put agir autrement en présence de sa secrétaire qui le surveillait. De son coté, Decan avoue sa participation au guet-apens organisé par Paul Riche, mais invoque en sa faveur la contrainte et les menaces dont il fut lui-même l'objet de la part des services allemands et de Mamy. - E - Courant 1942, dans les salons de la comtesse de Ganay qu'il fréquentait sur l'ordre de ses chefs, l'inculpé fit connaissance de la comtesse de Villeneuve à laquelle il se présenta sous le pseudonyme de Durand, comme un résistant désireux de passer en Espagne. Mamy avait effectivement reçu pour mission de détecter un réseau clandestin de passeurs dans la région de Bordeaux et la comtesse de Vileneuve lui était présentée comme une résistante (elle était en réalité un agent d'un autre réseau de renseignements allemand de Strasbourg). Quelques temps après, en décembre 1942, Mamy se rendit à Bordeaux avec la comtesse de Villeneuve qui le mit en rapport sous le nom de Robert avec le Sieur Dujour, résistant authentique. Ce dernier, mis en confiance, donna d'importants renseignements à Paul Riche qui s'empressa de faire un rapport à ses chefs. M. Dujour se rendit en février 1943 à Paris, en compagnie de son ami Jarry, il fut arrêté par la Gestapo, alors qu'il venait de déjeuner avec Paul Riche, sur les indication de celui-ci ; il est décédé au camp de Dachau. Son camarade Jarry fut également arrêté, mais relâché peu après n'ayant jamais eu d'activité clandestine. L'inculpé soutient que cette affaire lui fut imposée par le S. D. et qu'il suivait uniquement les indications données par la comtesse de Villeneuve. Il affirme qu'il fut complètement étranger à l'arrestation de Ganay et à celle de Jarry. - F - Courant mai 1943, Mamy, toujours sur l'ordre du S.D. allemand procéda dans la région de Chambéry - Annecy, dont il était originaire à une enquête sur les événements de Savoie qui était le centre d'une activité résistante intense. A Annecy, il se présenta au domicile du sieur Vuillermet et se fit passer pour gaulliste en déclarant qu'il venait en Savoie pour prendre contact avec le maquis afin d'y diriger des résistants parisiens. Vuillermet dont la bonne foi a été établie lui fournit divers renseignements sur des personnalités gaullistes de la région. Après avoir conféré avec le nommé Philippe, chef de la Milice, Mamy se rendit à Chambéry et y contacta MM. Michaud, Portail, Vaillod, le commandant Busson, M. Andres, un des organisateurs du maquis et diverses autres personnalités de la Franc-Maçonnerie auprès desquelles il fit état de sa qualité de "Vénérable d'une loge parisienne" afin d'inspirer confiance. L'inculpé obtint ainsi un ensemble de renseignements tant sur l'état d'esprit en Savoie que sur l'activité patriotique de membres de la Résistance et en particulier sur les agissements du général Georges qu'il transmit par lettre le 19 mai 1943 à sa secrétaire, Mme Booth-Prevost. Cette lettre fut heureusement interceptée et les membres de la Résistance, alertés à temps, purent prendre certaines précautions. La lecture de ce document relève à la fois l'importance et la nature même des renseignements fournis par l'inculpé au service des renseignements allemands auquel il appartenait. Peu de temps après le passage de Paul Riche en Savoie, en juillet 1943, la plupart des personnes qu'il avait désignées ou signalées furent arrêtés par la police politique de Vichy et par la Gestapo. On ne saurait cependant imputer à Mamy l'assassinat du patriote Dusson par la Milice en novembre 1943 et la mort de Andres tué en automobile par les Allemand au cours d'une expédition. L'inculpé soutient que le rapport qu'il adressa définissait la situation générale dans la région savoyarde, mais qu'il n'entraîna aucune arrestation. - G - En septembre 1943, le Docteur Kley, adjoint de Wentzel (sic), chargea Paul Riche de procéder à une enquête sur un circuit de passage France-Espagne. L'inculpé se rendit à cet effet à Hasparen et y contacta le sieur Rojas qui, sans méfiance, lui donna vraisemblablement toutes les indications relatives au réseau clandestin. Le 14 décembre suivant, l'inculpé accompagné d'agents du S.D. allemand procéda à l'arrestation des nommés Rojas, Cornu, Tellechea, Andrein et de trois bénédictions (sic) du monastère de Belloc (voir sur ce point les déclarations du gendarme Chapert). Les révélations faites par Rojas ou tout autre au moins les documents qui furent saisis au moment de son arrestation permirent au SRA d'exploiter à fond cette affaire. C'est ainsi que sous le pseudonyme de Dumas, Paul Riche se présenta au sieur Michaux Jean, libraire à Paris, auquel il inspira confiance en se disant le chef du réseau de Rojas. Il put dès lors, grâce au sieur Michaux contacter un grand nombre de membres de la Résistance : MM. Bouge père et fils, Bres, Guilhamon, le commandant Cambon (de son vrai nom Champeaux de La Boulaye) et Ladreux. Il leur inspira au début tout au moins, une telle confiance que certains d'entre eux lui fournirent des renseignements confidentiels (Bouge Pierre notamment et que d'autres le mirent en rapport avec de nouveaux camarades : MM. Borel, chef d'un groupe de Résistance du métro) et Jacques Morel (alias Jean Paul) secrétaire général des FUJP. Après avoir maintenu le contact le plus étroit pendant quelques mois, tout en rendant compte de sa mission au SRA, Mamy finalement procéda aux arrestations de : 1/ Jacques Noël, le 6 juin 1944, place Jussieu ; l'inculpé qui était seul et qui aperçut fortuitement sa future victime requis un sous-officier allemand et avec l'aide de celui-ci conduit Jacques Noël à la rue des Saussaies. Jacques Noël "dit Jean-Paul" est mort en déportation. 2/ Guilhamon Paul, le 8 juillet 1944, en compagnie de policiers allemands (Mamy avait à trois reprises donné rendez-vous à celui-ci, mais en vain). Guilhamon, chef du réseau Marco-Paulo est mort en déportation. 3/ de Lebreux et Borel, le 10 juillet 1944 avec l'aide de policiers allemands. Le premier déporté à Buchenwald a pu en revenir, le second s'est échappé en cours de transfèrement. Borel a du reste révélé qu'au cours d'interrogatoires, l'inculpé l'avait violemment frappé sur tout le corps et même sur le visage avec un nerf de boeuf. D'autres résistants tels que MM. Guilhamon Gaston, Bouge Pierre, Bres André, parvinrent à échapper au piège de Paul Riche soit qu'ils ne se soient pas présentés aux rendez-vous fixés, soit qu'ils aient été absents de Paris. MM. Champeaux de La Boulaye et Michaux échappèrent au sort de leurs camarades en raison, explique l'inculpé, de leurs opinions nationalistes. - H - En se recommandant du sieur Froissard, résistant qu'il avait connu au cours de son enquête sur la frontière espagnole, Paul Riche entra en relations, courant octobre 1943 avec le jeune Aubin. Il se présenta sous le nom de Dumas et prétendit qu'il avait été chargé par l'A. S. de rassembler les éléments épars de différents réseaux dont les chefs avaient été arrêtés. Mis en confiance, Aubin présenta en février 1944 Dumas (alias Mamy) à son camarade Janson qui le conduisit auprès du général Michaud. Introduit dans ce milieu, l'inculpé essaya de s'informer sur l'existence d'un trafic régulier d'avions qui partant de Normandie emmenaient à Londres des officiers supérieurs. Pour maintenir ce contact et mener à bien son enquête, Paul Riche promis aux jeunes Janson et Aubin de leur faciliter le passage à la frontière espagnole. Avec eux il se rendit à Toulouse et les fit arrêter tous les deux le lendemain de leur arrivée par les agents de la Gestapo. Déportés en Allemagne, MM. Aubin et Janson furent rapatriés en 1945. De retour à Paris, l'inculpé rendit à nouveau plusieurs visites au général Michaud qui devait être finalement arrêté par la Gestapo le 18 juillet 1944 et qui est décédé en janvier 1945 au camp de Buchenwald. Au cours d'une "confession" qu'il écrivit dès après son arrestation, l'inculpé avait avoué qu'il était l'instigateur de l'arrestation du général Michaud (voir sur ce point déposition de Mme Michaud et du général Laurent). Au cours de l'information, revenant sur ses aveux, il a soutenu que les services allemands avaient procédés de leur propre chef à cette arrestation, grâce à des renseignements qui provenaient d'une autre source et a précisé qu'il avait seulement été confronté avec le général dans les locaux de l'hôtel Continental. - I - Courant juillet 1944, Paul Riche a été chargé de s'introduire dans un réseau de Résistance de Clamart "pour vérifier les indications déjà recueillies par le nommé Bellanger` dit 'Berel`" agent travaillant pour le S.D. du boulevard Flandrin. L'inculpé, grâce à une lettre d'introduction de Berel prit contact avec le chef du groupe "Patrie" et parvint même à introduire dans le groupe deux de ses agents : Chaudet et Gamat qui devaient détecter les dépôts d'armes. Le 16 août 1944, des agents du service, Schmidt, chef du service de renseignements et de répression allemand de l'avenue Foch (Gestapo géorgienne), accompagnés de l'inculpé, appréhendèrent quatre de ces jeunes gens : MM. Golaudin, Hervé dit Fred Hutault, Jarrige Pierre dit Delly, Laudigue Jacques dit Patrice et Golaudin Henri cousin du premier, dit Rico. Leurs corps devaient être retrouvés quelques jours plus tard affreusement mutilés dans un terrain vague de banlieue. L'inculpé affirme qu'il se borna à établir un rapport écrit qu'il remit au service de Wentzel et soutient qu'il est resté étranger à ces arrestations auxquelles il aurait cependant assisté à la demande de Schmidt. Telle fut durant l'occupation l'activité antinationale déployée par Mamy dit "Paul Riche" au sein du S. R. allemand auquel il appartenait. Il convient de signaler à cet égard que l'inculpé travaillait avec le concours de sa secrétaire Mme Booth-Prevost qui était acquise à l'idée de la collaboration et qui par ses initiatives personnelles le secondait grandement. Paul Riche était également en contact fréquent et très amical avec les services antimaçonniques français. C'est ainsi qu'il se trouvait courant août 1942 dans le bureau de Gueydan de Roussel lorsque celui-ci reçu la visite du sieur Ory Georges. Ce dernier auquel des documents avaient été dérobés au cours d'une perquisition par la Gestapo, venait en réclamer la restitution et, croyant s'adresser à des fonctionnaires antiallemandes, émit des appréciations sévères sur le compte du lieutenant Morice. M. Ory fut quelques jours après arrêtés par la Gestapo à la suite de la relation que Gueydan Roussel et Paul Riche avaient faite de leur entretien. Dès la libération de Paris, Paul Riche fut arrêté par le commandant Cambon (alias Champeaux de La Boulaye). Au cours de sa détention dans le local occupé par le réseau de Résistance, il rédigea sans aucune contrainte une confession dans laquelle il relate avec sincérité son activité. Cette pièce¬ a été versée au dossier par le capitaine Orsini (alias Sari) en la possession de qui elle se trouvait. Bien que, au cours de l'information, l'inculpé soit revenu sur certaines de ses déclarations, la gravité des actes antinationaux dont il accepte même la responsabilité est effrayante. Aussi bien Paul Riche a-t-il soutenu qu'il n'avait pas en fait travaillé pour les Allemands, mais qu'il avait reçu une importante mission du gouvernement de Vichy qui le couvrait. Son activité aurait reçu l'entière approbation du Dr Ménétrel, de l'amiral Platon, de Bernard Faÿ et du secrétaire de celui-ci : Gueydan Roussel. Il était en outre en contact régulier avec le commissaire Richard du Cabinet du maréchal. La mission dont il aurait été investi aurait consisté : a) à pénétrer dans les services S.S. parisiens pour y détecter la politique allemande ; b) à effectuer sous le couvert des Allemands et en paraissant agir pour leur compte, toutes les enquêtes maçonniques et autres qui pouvaient être utiles au gouvernement français ; c) à mettre en opposition l'ambassade d'Allemagne et les S.S. ; d) à effectuer des opérations policières limitées en prenant soin de faire le moins d'arrestations possible, et en protégeant les éléments nationalistes de l'A. S. S'il apparaît à la lecture de certaines dépositions (B. Faÿ et le commissaire Richard) que l'inculpé ait été en relation avec des représentants du gouvernement de Vichy, il n'en est pas moins certain qu'il ne reçut jamais de ce gouvernement une mission officielle ou même officieuse. Par ailleurs, en vue de minimiser sa propre responsabilité, Paul Riche explique qu'il fut strictement surveillé par sa secrétaire Mlle Booth-Prevost. Celle-ci aurait été placée à ses côtés dans ce but par l'adjoint du Dr Knochek et du général Ober, chef des SS, le Dr Julius Schmidt pour le compte duquel elle travaillait directement. Interrogée alors qu'elle venait d'être arrêtée en Allemagne, la nommée Booth-Prevost avait défini les fonctions qu'elle exerçait auprès de Paul Riche (introduction des visiteurs, dactylographie de nombreux rapports qui étaient adressés au bureau allemand de l'avenue Foch, classement des dossiers s'élevant à 1 100, écoute de la BBC, lecture et classement de la presse). Confrontée avec l'inculpée, la femme Booth est revenue partiellement sur ses déclarations précisant que Paul Riche n'avait exercé une activité policière que fin 1943, contraint et forcé et avec répugnance. Mme Booth-Prevost est également inculpée d'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat. Paul Riche appelé en qualité de témoin a fait à son égard une déposition nettement favorable et qui en tout cas ne cadre pas avec le rôle important qu'il lui prête aujourd'hui. Il est dans ces conditions bien difficile de discerner la vérité dans la déclaration de ces deux inculpés qui dans certaines occasion ont été complices. Les renseignements d'ordre général recueillis sur le compte des inculpés sont les suivants : 1/ La demoiselle Fabres est représentée comme étant portée naturellement à la médisance et à la calomnie. Cependant elle ne professait pas, semble-t-il, d'opinion collaboratrice et faisait même partie d'un réseau de Résistance depuis septembre 1943 (attestation du chef de bataillon Raux). 2/ Le nommé Decan vivait en mauvaise intelligence avec sa femme et avait la réputation d'être peu sérieux. A son casier figurent deux condamnations pour outrage et tentative d'extorsion de fonds. Il ne semble pas qu'il ait affiché des opinions collaboratrices et il aurait même été arrêté par les Allemands. A la Libération il s'est engagé et combattit dans les Corps francs (voir attestation du colonel Roche). 3/ Mamy dit Paul Riche est représenté comme un intrigant sans scrupule, capable de toutes les compromissions pour arriver à ses fins. Son casier judiciaire ne renferme aucune mention. Il est important de signaler que cet inculpé a fait l'objet sur la demande de sa famille d'un examen psychiatrique. Les docteurs Boutet et Abely experts commis ont conclu : "Que Mamy n'était pas en état de démence dans le sens de l'art. 64 du Code Pénal au moment de l'accomplissement des faits qui lui sont reprochés" mais qu'il présentait d'importantes anomalies mentales et affectives qui "diminuaient dans une assez large mesure sa responsabilité." Trois nouveaux experts commis ultérieurement sont arrivés à des conclusions légèrement différentes et nuancées. "Mamy n'était pas en état de démence au moment des faits mais son anomalie psychique permet de lui concéder une certaine atténuation de responsabilité". Appelés du reste à constater les "singularités mentales du sujet, ces experts avaient précisé qu'il "appartenait aux juges de faire de ces indications la part que bon leur semblera". Attendu qu'il résulte de l'information contre les susnommés charges suffisantes d'avoir : 1/ Decan Jean-Louis, courant novembre 1942, à Paris, en tout cas sur le territoire français, entre le 16 juin et la date de la libération, étant français et avec l'intention de favoriser les entreprises de l'ennemi, entretenu en temps de guerre des intelligences avec une puissance étrangère ou avec ses agents en vue de favoriser les entreprises de cette puissance contre la France. 2/ Fabres Louise, courant 1941, dans le département de la Seine-et-Marne et dans la Seine, en tout cas sur le territoire français entre le 16 juin 1940 et la date de la libération, étant française, avec l'intention de favoriser les entreprises de l'ennemi, entretenu en temps de guerre des intelligences avec une puissance étrangère ou avec ses agents en vue de favoriser les entreprises de cette puissance contre la France. 3/ Mamy dit Paul Riche, sur l'ensemble du territoire français, entre de 1940 à 1944, en tout cas entre le 16 juin 1940 et la date de la libération, étant français, avec l'intention de favoriser les entreprises de l'ennemi, entretenu en temps de guerre des intelligences avec une puissance étrangère ou avec ses agents en vue de favoriser les entreprises de cette puissance contre la France. Vu les art. 75 du Code Pénal (modifié par le décret-loi du 29 juillet 1939) et les art. 1er & 2 de l'Ordonnance du 28 novembre 1944, Déférons le nommés Decan Jean-Louis, Fabres Louise et Mamy Jean dit Paul Riche à la Cour de Justice pour y être jugés conformément à la loi. Le Commissaire du Gouvernement adjoint Cenac Mamy fut exécuté le 29 mars 1949 à 7 H 05 au Fort de Montrouge".
Filmographie
Réalisateur
Directeur de production
Monteur
- 1930 : Les amours de minuit d'Augusto Genina et Marc Allégret, avec Pierre Batcheff
- 1930 : Le Blanc et le Noir de Robert Florey, avec Raimu
- 1931 : L'Amour à l'américaine de Claude Heymann, avec André Luguet
- 1931 : Mam'zelle Nitouche de Marc Allégret, avec Janie Marèse
- 1931 : On purge bébé de Jean Renoir, avec Michel Simon
- 1931 : La Petite Chocolatière de Marc Allégret, avec Jacqueline Francell
- 1931 : Le Collier court métrage de Marc Allégret, avec Madeleine Guitty
- 1931 : On opère sans douleur court métrage de Jean Tarride, avec Lucy de Matha (court métrage)
- 1931 : Les Quatre Jambes moyen métrage de Marc Allégret, avec André Pierrel
- 1932 : Fanny de Marc Allégret, avec Orane Demazis
- 1932 : Seul moyen métrage de Jean Tarride, avec Julien Carette
- 1933 : L'Agonie des aigles de Roger Richebé, avec Pierre Renoir
- 1934 : Minuit, place Pigalle de Roger Richebé, avec Raimu
- 1934 : Le Voyage de Monsieur Perrichon de Jean Tarride, avec Léon Belières
- 1935 : Mister Flow de Robert Siodmak, avec Mila Parély
- 1937 : Un déjeuner de soleil de Marcel Cohen/Marcel Cravenne, avec Gaby Morlay
- 1937 : L'Habit vert de Roger Richebé, avec Léonce Corne
Acteur
Scénariste
Anecdotes
Liens externes
Notes et références